Dans les steppes mongoles avec une famille d’éleveurs nomades

La Mongolie, nous en avions rêvé depuis bien avant notre départ. Pays sauvage aux grands espaces, nous espérions découvrir les steppes, les montagnes et les hommes. Les six jours passés au centre du pays ont été bien au delà de nos espérances puisque nous avons partagé le quotidien d’une famille d’éleveurs nomades en plein cœur des steppes mongoles, vécu un orage dantesque sous une yourte et assisté au tournage d’un film!

Bus local

Nous avons pris le bus de la ligne régulière entre Oulan-Bator et Kharkhorin pour 52000 T (env. 18€) pour quatre. Kharkhorin est le nom actuel de la petite ville située à proximité de l’ancienne Karakorum, capitale de l’empire mongol, dans le centre de la Mongolie. Bien sûr, on peut aussi louer une voiture avec chauffeur pour 50-60 $ la journée, c’est peut-être plus rapide, mais rien ne remplace le contact avec les autres passagers, la surprise des arrêts et des restoroutes et c’est bien plus confortable que les vans, soit-disant VIP, de l’Asie du Sud-Est.

C’est donc après 7 heures de bus et un peu plus d’une heure de 4×4 que nous avons été accueillis dans sa yourte par Moto, éleveur nomade. Nous avons bu le thé au lait de yack, traditionnellement offert aux invités puis de la vodka. Sophy et moi avons beaucoup apprécié les raviolis farcis à la panse de mouton, un peu moins les fromages très secs et un peu sucrés, réalisés à partir du lait de yack.

Situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la ville, au beau milieu des steppes, nous avons profité de l’hospitalité de la famille de Moto avec des dizaines de familles de tamias de Sibérie comme uniques voisines. Éleveur de chevaux de course, Moto nous a laissé les trois premiers jours avec sa femme et ses deux filles pour aller dans un autre camp où l’herbe est meilleure pour les chevaux. Les femmes se sont occupées seules, et sans difficulté apparente, des 200 chèvres, 80 moutons, 60 yacks et autant de vaches.

La vie au camp

Nous avons pris possession de notre ger, la yourte mise à notre disposition par nos hôtes, puis découvert les alentours. La yourte est une grande tente en feutre, peau et bâches plastiques, de forme traditionnelle avec un grand poêle en son centre, deux lits simples et une petite commode. Une sorte de bâche en linoleum recouvre le sol en partie. Rapidement, les nomades nous apportent deux sièges sur les cinq qu’ils possèdent.

Le lendemain matin, Martin et moi avons monté la tente chinoise achetée à Oulan-Bator pour la tester pour la semaine prochaine. Sans notice et avec tous les nœuds à faire, il nous aura fallu 1h30 pour arriver à un résultat satisfaisant. Les garçons y passeront une nuit, pour camper seuls, avant de rejoindre la ger, plus chaude durant la nuit. L’application de géolocalisation nous apprend que nous sommes à près de 1600 mètres d’altitude et malgré la chaleur écrasante dès 8 heures du matin, les nuits sont fraiches. Nous avons assisté aux travaux du camp, parfois surpris, souvent ébahis du travail effectué avec si peu d’outils et autant d’aisance.

Nous avons fait deux randonnées à pied pour grimper sur les sommets environnants notre camp et prendre quelques clichés. Du mieux possible, nous avons participé à la vie du camp, en retardant plus souvent le travail que l’inverse, mais c’est toujours avec le sourire que nous avons peu à peu lié connaissance avec nos hôtesses. Le camp est composé de deux gers, d’un corral pour les bêtes et d’un container pour abriter le matériel. Situé à mi pente d’une colline, à proximité du lit d’une rivière asséchée. On nous explique qu’il y a de l’eau les autres années mais que cette année, l’hiver a trainé en longueur et les pluies du printemps n’ont pas eu le temps de grossir les rivières et de faire pousser l’herbe indispensable aux chevaux. Il faut donc aller chercher l’eau dans des grands bidons de 200 litres, toutes les deux semaines environ. De toute façon, elle est consommée chaude, après avoir longuement bouillie.

Doda est la fille aînée de Moto. A 20 ans, elle suit des études de vétérinaire à Oulan-Bator tout l’hiver et revient aider son père l’été. Elle pratique le polo passionnément et a été sélectionnée plusieurs fois dans des équipes mongoles lors de tournois internationaux. C’est lors des rencontres de polo qu’elle a appris à parler un excellent anglais, ce qui nous a été très utile durant notre séjour.

Zaya est la seconde fille de Moto et de Bolor son épouse. A 15 ans tout justes, elle cuisine, s’occupe des animaux, nettoie les yourtes et la vaisselle et n’oublie jamais de se faire belle pour son amoureux qui travaille pour son père. Elle est sur tous les fronts, tout le temps et nous l’avons vite surnommée Wonder Woman. Assurément, notre séjour n’aurait pas été le même sans Zaya, en particulier avant, et après l’épisode orageux auquel nous avons dû faire face. Alors que Doda et sa mère sont parties à la ville en moto, le ciel s’obscurcit subitement et un orage d’une rare puissance s’abat sur le campement. Le vent, plus que l’eau emporte tout ce qui n’est pas attaché et le bruit est indescriptible. Petit à petit, l’orage s’éloigne et 24 heures d’une pluie fine et glacée lui succède. Les gers ont résisté sans difficulté et la tente chinoise, malgré une couture déchirée qui a laissé pénétrer un peu d’eau, est toujours debout. C’est décidé, nous l’emmènerons au Canada (la tente, pas Zaya!).

Moto possède plus de 100 chevaux, ce qui est très au-dessus de la norme en Mongolie. C’est un éleveur réputé pour la qualité de ses chevaux de course. A son retour, nous avons fait deux belles randonnées à cheval pour découvrir les environs et nous familiariser à un mode de monte qui ne nous est pas connu, mais auquel on s’habitue aisément.

Le dernier jour, le camp de Moto a accueilli le tournage d’un clip vidéo, mettant en scène un chanteur mongol connu et de très nombreux chevaux. C’est un peu comme des chiens dans un jeu de quilles (nous ne comprenons pas très bien les instructions du metteur en scène mongol) que nous avons assisté à une partie du tournage. Nous avons même loué notre tente (contre une bouteille de vodka que nous avons offerte à Moto en partant) pour héberger l’équipe technique !

Nous avons passé 6 jours hors du temps, sans aucune connexion et au milieu des animaux et de la steppe mongole. C’est avec beaucoup de nostalgie que nous repenserons longtemps à Moto et à toute sa famille, aux fous rires et tentatives, souvent infructueuses, de les aider dans leur quotidien. Si nous le pouvons, et comme ils nous y ont invité, nous reviendrons en Mongolie, peut-être en hiver, pour retourner voir Moto, Bolor, Doda et Zaya.

6 Replies to “Dans les steppes mongoles avec une famille d’éleveurs nomades”

  1. GinetteGinette

    C’était votre « voyage en terre inconnue ». A te lire, on comprend que cela a été intense, enrichissant et conforme à votre rêve. Encore des liens noués avec une famille on ne peut plus sympathique, que déjà vous regrettez… Que de souvenirs emmagasinés… qu’il faudra continuer à nous faire vivre à votre retour !
    Merci, déjà, pour ce partage, que j’apprécie énormément !
    Au plaisir de lire le prochain article…

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  2. Vidal christine

    Un rêve qui pour vous a été une réalité ! Merci d’avoir relate ce séjour . Comme vous deviez être bien et serein . Peut être restera t il dans vos valises un crin de cheval , ou un peu d’air pur de Mongolie . Merci et merci encore ?

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  3. Marie-Françoise

    On ne nous dit pas comment on arrive à contacter Moto… Motus ? peut-être ?
    Bref, dans les steppes de l’Asie centrale ! On y était ! Et la foudre, où tombe-t-elle dans ce genre de pays ? Sur les vaches ?
    Mais, c’était fabuleux de lire ce récit. Merci, Franck.

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    • FranckFranck Auteur de l'article

      A ma connaissance, il n’est pas possible de contacter Moto, sauf à croiser l’un de ses amis qui lui portera le message lorsqu’il le croisera dans les steppes 😉

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  4. Lulu et Sandrine

    Bonjour à tous,
    Merci pour tous vos articles dont je me suis régalée tous les mois passés !

    Ton article nous montre une vraie illustration du film vu pendant la semaine au Lioran et proposé par Claude Grenier en vous citant d’ailleurs : Le chien jaune de Mongolie !! Impressionnant !!!
    Biz à tous et vous êtes attendus à votre retour !!
    Sandrine et Lucile

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  5. Marc

    Avec un bon décalage je viens de lire ce passage dans la steppe et je peux vous dire que l’émotion est montée très vite.
    J’ai immédiatement été transporté dans la steppe auprès de mes Amis de Mongolie, j’ai revécu tout ce temps passé entre Oulan Bator et Moron. Que plaisir de vous lire et de retrouver mes familles, la steppe, les yourtes, la VIE quoi …..

    Bises à vous quatre.

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