Notre circuit dans les Monts Altaï : l’ouest de la Mongolie en famille

La Mongolie est un pays immense et montagneux avec des liaisons terrestres difficiles, longues ou inexistantes. C’est donc en avion, après une courte nuit de repos à Oulan-Bator, que nous avons rejoint la ville d’Olgii. Située à l’extrême Ouest de la Mongolie, la ville d’Olgii se niche à l’extrémité orientale et mongole de la chaîne de montagne de l’Altaï, à plus de 1700 mètres d’altitude. Ce sera le point de départ de notre circuit dans les Monts Altaï, 5 jours à la découverte des habitants kazakhs et des paysages de la région montagneuse de Bayan-Olgii.

Bayan-Olgii

Bayan-Ölgii est l’une des 21 provinces ou aïmags de Mongolie. Cette région montagneuse se situe à l’extrême ouest du pays, à la frontière avec la Russie et la Chine, non loin du Kazakhstan (35km). 93 % des habitants de cette province sont de culture kazakhe, l’islam y est donc la religion majoritaire et on trouve des mosquées dans chaque ville ou village que nous traversons. Cet aïmag a un statut de province semi-autonome kazakhe depuis 1939. Cette région est très prisée des touristes amateurs de randonnées en haute montagne ou de treks à cheval. Festival de chasse à l’aigle, Rafting, VTT, rando sur glacier, … les possibilités de circuit dans les Monts Altaï sont innombrables.

Avec plus de cinq heures de retard sur l’horaire initialement prévu, notre petit avion se pose enfin dans la capitale de la province occidentale mongole. L’attente à Oulan-Bator a été longue et ce n’était qu’un début; nul ne pouvait s’imaginer que l’attente serait le fil rouge de notre périple. Daamta, Badmaarag, nos deux guides et Juma, notre chauffeur, nous attendent à l’arrivée, tout sourire.

La patience est une vertu

Rapidement nous voilà installés dans un restaurant turc du centre-ville pour déjeuner. La ville d’Olgii est un enchevêtrement de pistes en terre ou en caillou, au bord desquelles sont posées sans cohérence, des maisons en brique ou en tôle, des yourtes et des cabanes en bois. Au bord des rares routes goudronnées, des commerces poussiéreux se succèdent, sans intérêt.

Nous finissons de convenir du circuit et, une fois le règlement effectué, le chauffeur et Daamka repartent acheter le nécessaire, nous laissant avec Badmaarag. Cette jeune guide de 22 ans est étudiante en architecture à Moscou. Elle parle un excellent anglais et connait de très nombreuses légendes et anecdotes concernant son pays. Heureusement, car nous attendrons plus de quatre heures avant le retour de Daamka; nous commencions sérieusement à nous inquiéter de ne jamais revoir l’organisateur du circuit, nos bagages et notre argent.

Faux départ

Alors que nous pensions enfin partir pour les montagnes, Daamka nous emmène faire les courses puis chercher notre matériel dans son dépôt, indispensable pour un circuit dans les Monts Altaï. Nous avions pourtant bien compris que c’est exactement ce qu’il était parti faire en nous laissant l’attendre au restaurant et nous ne saurons jamais ce qu’il a fait pendant que nous l’attendions une bonne partie de l’après-midi !

Comme nous ne nous connaissons pas encore bien et que nous nous apprêtons à vivre ensemble durant 5 jours, nous le prenons avec le sourire et c’est donc vers 17h30 que nous quittons enfin la ville pour un peu moins de 6 heures annoncées dans un véhicule 4×4. Nous effectuerons notre circuit à bord d’un van 4×4, fabriqué en Russie, de type UAZ-452. Ce sont les seuls vans capables de circuler sur le type de terrain très accidenté que nous traverserons et nous en croiserons plusieurs.  Après réflexion, notre organisateur en herbe, semblant découvrir l’heure qu’il est, nous propose d’inverser le sens du circuit pour arriver moins tard au camp. La proposition semble logique et nous acceptons.

Très rapidement, nous quittons la route goudronnée qui rejoint l’aéroport et nous roulons sur des pistes de terre à bord du van de Juma. Nous traversons tantôt des zones très sèches, quasi désertiques, tantôt des prairies rases, couvertes d’un maigre bétail et de rares yourtes de nomades. Après une courte pause vers 19h30 à proximité d’une rivière, nous reprenons le véhicule tout-terrain en direction de la petite ville de Tsengel où nous dinons d’un plat de mouton arrosé de thé chaud vers 20h45.

A nouveau, nous reprenons le van vers 21h30, pour une arrivée prévue entre 0h30 et 1h00 dans le campement de la famille kazakhe que Daamka semble avoir contactée. Heureusement, et malgré les soubresauts permanents de notre véhicule sur une piste de plus en plus difficile, les enfants s’endorment. La chaleur nous quitte avec le coucher de soleil, et la nuit tombe, fraiche puisque nous sommes déjà à près de 2000 mètres d’altitude.

Perdus à 2200 mètres d’altitude

Nous continuons de monter pour atteindre une large vallée traversée d’une rivière qui alimente le lac de Khoton à 2200 mètres. C’est là que réside la famille de Housbet, notre hôte, à quelques kilomètres de la frontière chinoise. Vers 1h30, je m’aperçois que le van a fait demi tour et que Juma commence de décrire des cercles plus ou moins grands. Il est difficile de s’orienter dans ces zones en pleine nuit et nous cherchons la bonne piste, celle qui mène au pont pour traverser la rivière. Le GPS et Map’s me ne sont pas utiles, ces détails routiers n’y figurent pas. Finalement, et avec un peu de chance, nous tombons sur le pont qui nous permettra de traverser la rivière au détour d’un virage.

Une fois sur l’autre rive, le van reprend de la vitesse en direction du campement, il faut bien s’accrocher pour éviter l’entorse cervicale à chaque trou de ce qui n’a plus de piste que le nom. Mais arrivé au campement, point de yourte et encore moins de nomades: rien, il n’y a rien… Il faut se rendre à l’évidence, les nomades que nous cherchons ne sont plus là, ils ont déménagé. Je m’étonne auprès de Daamka que la personne qu’il a prévenu de notre arrivée ne le lui ait pas signalé et je comprends qu’il n’a eu personne au téléphone, et pour cause: il n’y a aucun réseau.

Nous partons à la recherche de yourtes voisines, mission compliquée en pleine nuit. Heureusement, la lune est presque pleine et nous cherchons les tâches blanches qui se détachent sur le fond sombre des pâturages montagneux. A deux reprises, notre guide descend du véhicule et entre, sans frapper comme c’est la coutume, dans une yourte à 2h00 du matin. Non, il ne savent pas où est parti la famille que nous cherchons. Martin est réveillé et s’inquiète. Il me faut puiser dans des ressources que je ne soupçonnais pas pour rester calme et constructif à cette heure très avancée de la nuit.

Hospitalité kazakhe

Finalement, à la troisième tentative, un kazakhe ressort de sa yourte en compagnie de Daamka. Il est 2h25 du matin et il nous accompagne jusqu’au nouveau campement de la famille de Housbet. Ils ont déménagé la semaine dernière et le nouveau campement n’est pas très accessible. Incroyable, tiré du lit par des inconnus, cet homme nous guide dans la montagne sur près de 8 km. C’est un peu avant 3h00 que nous arrivons exténués au campement.

Comme pour les autres yourtes, Daamka entre sans frapper et réveille Housbet. Nous dormirons dans la yourte voisine, celle de son frère cadet. La mère de famille, à peine reveillée, nous prépare quelques matelas au sol de la grande yourte kazakhe familiale. La nuit est froide. Nous déplions les duvets et les enfants se couchent tout habillés. Une fois tout le monde installé et quasi instantanément endormi, je ressort discuter quelques minutes avec les hommes pour les remercier d’accueillir ma famille si tardivement, et je comprends à la fois qu’ils ont l’habitude et que ce n’est pas un problème. Je laisse Daamka discuter des éléments financiers et logistiques et je rentre me coucher, épuisé d’une si longue journée aux rebondissements et coutumes inhabituels.

Nous nous éveillons le lendemain matin dans la douce chaleur que le poêle prodigue dans cette grande yourte kazakhe colorée. Il a fait très froid cette nuit, mais nos bons duvets et les couvertures des nomades nous ont réchauffé. Le petit déjeuner est servi et remplit une table rapidement dressée en lieu et place de nos couches. Ce sont principalement des produits laitiers qui nous sont proposés par nos hôtes en plus du petit déjeuner préparé par nos deux guides: omelette aux pommes de terre.

Une journée à cheval

Les difficultés de la veille sont vite oubliées et nous partons en famille pour une magnifique rando équestre de plus de quatre heures pour aller voir une cascade impressionnante qui provient d’un torrent de montagne gonflé des pluies récentes et de la fonte des neiges. Les paysages sont magnifiques et le temps est splendide. Cette journée restera à coup sûr l’une des plus belles de notre séjour en Mongolie.

 

Les chevaux de cette région sont un peu plus grands que les chevaux de courses de Moto que nous avons trouvés dans les steppes de Mongolie centrale. Ils restent plus petits que les chevaux européens mais sont très faciles à monter. Les selles sont différentes et les animaux ont l’habitude des chemins des circuits dans les Monts Altaï. Martin prend confiance rapidement et profite de la joie de pouvoir se promener en toute liberté. Robin retrouve lui aussi le goût de faire du cheval et c’est très sereins que nous rejoignons le campement pour déjeuner vers 14h.

Après un repas kazakhe typique à base de mouton et de fromage sous toutes ses formes, nous reprenons les chevaux pour nous approcher au plus près du lac de Khoton avant de rentrer pour assister à la traite des très nombreuses chèvres qui composent le cheptel principal de Housbet. Les enfants se font de nouveaux copains et jouent au volley puis au frisbee avec les enfants du campement composé de trois grandes yourtes.

 

 

L’aigle kazakhe

En attendant le repas du soir, notre hôte nous invite à nous approcher de son aigle de chasse dont il est très fier. Pour la sécurité de tous au campement, l’aigle est attaché au bout d’une longe à une centaine de mètres des tentes. C’est une femelle bürkit, ce qui signifie aigle royal en langue kazakhe. Elle est âgée de presque deux ans et Housbet a lui même été la chercher à proximité de son nid il y a deux automnes. Il la gardera pour chasser entre 10 et 12 ans avant de la relâcher pour qu’elle puisse vivre ses 20 dernières années en liberté.

 

Housbet a revêtu sa tenue traditionnelle kazakhe et nous propose d’enfiler un gant de protection et de porter l’aigle quelques instants, chacun à notre tour. De si près, l’animal est encore plus impressionnant et beaucoup plus lourd que je le pensais. La chasse traditionnelle s’effectue à cheval et j’imagine la difficulté de s’occuper de son oiseau, tout en dirigeant son cheval en direction de la proie. Le plus souvent, cette chasse traditionnelle a lieu à l’automne ou en hiver pour attraper des renards. Le début de la saison est marqué par le festival de l’aigle royal qui a lieu la première semaine d’octobre dans la province de Bayan-Olgï.

Avant de nous coucher, nous profitons d’un feux de camp pour faire cuire quelques morceaux de viande de mouton (pour changer) et profiter de chants traditionnels kazakhs accompagnés à l’aide d’une dombra qui est un instrument à 2 cordes, un peu comme un luth avec un long manche. A notre tour, il nous est demandé de chanter et les enfants entonnent Les corons de Pierre Bachelet, comme s’ils étaient à la chorale, au spectacle de l’école qu’ils ont manqué cette année.

Bien mieux organisés que la veille, nous finissons par aller nous coucher, sans notre guide et l’organisateur qui ont préféré monter la tente à l’écart du campement. Juma, notre chauffeur dormira dans l’UAZ, comme à son habitude. Avant de dormir, nous convenons de prendre le petit déjeuner vers 8h00 pour un départ à 9h00 le lendemain matin afin de rejoindre notre campement suivant à une heure acceptable. Rien ne se passera comme prévu, mais ça, c’est une autre histoire…

(A suivre)

 

 

2 Replies to “Notre circuit dans les Monts Altaï : l’ouest de la Mongolie en famille”

  1. GinetteGinette

    Nous étions en manque… et cet article me réjouit, toujours aussi détaillé et passionnant, nous donnant l’impression de vivre l’aventure avec vous.
    J’attends la suite avec impatience, suite qui promet d’être pleine de surprises…
    Merci

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