Quelques jours à Shanghai avec des enfants

Nous avons choisi de commencer notre périple chinois par la ville de Shanghai. Tout comme au XIXème siècle pour les puissances européennes, ce sera donc notre point d’entrée pour pénétrer l’Empire du Milieu. Shanghai est probablement la ville chinoise la plus occidentalisée et nous l’avons choisi pour cette raison. Mais que reste-t-il des vieux quartiers dans cette mégapole ultramoderne ? Et pourrons-nous visiter Shanghai avec des enfants ?

Pour ne rien vous cacher, nous n’avons pas réellement choisi d’intégrer la Chine dans notre tour du Monde, c’est plutôt la Chine qui s’est imposée à nous. Ce pays n’était pas sur notre première liste, ni sur la seconde d’ailleurs, mais passer à côté nous était difficile. Obtenir le visa chinois n’est déjà pas une sinécure, surtout si on veut l’obtenir à l’étranger, et réserver un hébergement par avance sur internet, et à moins d’y mettre une somme folle, relève d’un certain niveau de compétences et de persévérance.

Culturellement très riche, mais très éloigné de nos habitudes occidentales, nous ne savions pas très bien ce que nous trouverions en débarquant dans ce pays. Mais, la Grande Muraille, l’armée de soldats en terre cuite, la cité interdite de Pékin, les grottes de Luoyang, Shanghai l’ultramoderne et le départ du transmongolien nous ont fait changer d’avis.

Souvent (très) bruyants et circulants toujours en groupe derrière un guide avec un drapeau ; ne parlant que très peu (et souvent fort mal) l’anglais, les nombreux touristes chinois que nous avons rencontrés durant ces trois derniers mois ne nous avaient pas réconforté et c’est un peu inquiets que nous avons posé le pied sur le sol chinois.

Et le ton fut donné dès l’aéroport international de Pudong. Tout y est à la mesure de Shanghai et de la Chine. Jamais nous n’avions pris un bus aussi longtemps sur le tarmac gigantesque d’un aéroport pour nous amener jusqu’au terminal, jamais nous n’avions récupéré nos sacs sur le tapis n°18 (et il y en avait encore d’autres), ni vu autant de monde et de guichets pour les contrôles à la douane. Jamais non plus, nous n’étions montés dans le Maglev, le train à sustentation électromagnétique qui rejoint Shanghai à 300 km/h en huit minutes (jusqu’à 430 km/h quatre fois par jour pour gagner 40 secondes de trajet).

Arrivant du Japon aseptisé et très normé, nous nous attendions à un choc de culture. L’une des premières surprises a été de constater qu’une certaine forme de discipline règne également à Shanghai. Comment pourrait-il en être autrement dans une telle mégapole ? Il faut tout de même veiller aux deux roues, dont la circulation reste anarchique, mais après nos séjours au Cambodge et au Laos, nous avons pris l’habitude de traverser les rues avec une (très) grande vigilance.  La seconde surprise vient de la volonté clairement affichée de s’affranchir des énergies fossiles pour limiter la pollution d’une part, et ne pas dépendre d’approvisionnement étrangers d’une seconde. Cette politique a entrainé le développement des véhicules électriques à une très grande échelle, en particulier des scooters électriques qui roulent par centaines, sans le moindre bruit et sans lumière.

Rapidement, nous nous sommes également aperçus de la généralisation des paiements sans contact à l’aide du téléphone. Plusieurs marques se partagent le marché, mais Alipay (filiale du concurrent chinois d’Amazon) semble le plus répandu. Tout se paie avec son téléphone, depuis les trajets de bus (1 CNY), les brochettes sur les stands, les restaurants, les vêtements ou les billets de train… Tous les magasins les acceptent et pour certains distributeurs de boissons ou de nourriture, il n’y a plus de monnayeur.  

Prendre le métro à Shanghai est assez aisé, toutes les indications sont en anglais sur les distributeurs automatiques. Tout comme au Japon, il faut acheter son billet en fonction de sa destination, ou utiliser une carte rechargeable ou son téléphone. Il y a des plans partout et les lignes sont numérotées et repérées par un code couleur. Attention toutefois de respecter le sens des files pour ne pas risquer de vous retrouver en contresens et face à des centaines de citadins à la démarche déterminée. Nous avons pris des passes 3 jours pour 45 CNY par personne (6€) pour nous permettre de circuler librement. A noter que les enfants de moins d’1,30 m ne paient pas le métro.

Jing’an Temple et la concession française

Idéalement et si vous le pouvez, privilégiez un hébergement dans le quartier de Jing’an Temple. D’abord ce quartier est très central et il y a de nombreuses Guesthouses et hôtels. Relativement calme pour une ville de 24 millions d’habitants, ce quartier présente également l’avantage d’avoir de très nombreux restaurants, chinois et occidentaux. Idéal pour découvrir de petites cantines typiques et craquer sur une pizza ou un burger de temps en temps !

Le temple Jing’an  (le temple de la paix et de la tranquillité) est magnifique. Imposant vu de l’extérieur, il est situé à cet emplacement depuis plus de 700 ans. Il est maintenant entouré de bâtiments modernes, ce qui lui confère encore plus de charme. Converti en une usine de plastique durant la révolution culturelle, il a été complètement rénové en 2010. L’entrée vous coûtera 50 CNY (6,5€), ouvert de 7h30 à 17h00. Nous avons passé un peu de temps dans le parc voisin pour permettre aux enfants de courir un peu et profiter des bassins avant d’enchainer par la concession française.

En 1848, la Chine fut contrainte de céder à la pression internationale et autorisa le commerce avec les autres puissances régionales : les japonais, les anglais, les américains et les français. Elle concéda des terrains boueux à proximité du petit « port fluvial en amont de la mer » qu’était Shanghai à l’époque. C’était le début des concessions étrangères, (dont la française jusqu’en 1940) qui furent à l’origine de l’extraordinaire développement de ce petit port fluvial.

La puissance coloniale française y fit de son mieux, elle installa un Consul et toute une administration. Elle construisit un magnifique quartier, à la française, dont les larges avenues bordées de platanes rappellent encore aujourd’hui les rues de notre capitale. Le terrain boueux initial fut vite transformé en un magnifique quartier où il est agréable de se promener, encore aujourd’hui, et de profiter de ses parcs pour profiter d’un peu de verdure ou voir évoluer des pratiquantes de Tai-shi. Très animé après 18H et fréquentés par des chinois comme par les très nombreux expatriés, c’est un quartier très agréable.

La vieille ville chinoise

Attention, ce quartier pittoresque est en voie de disparition, grignoté progressivement par des immeubles de bureaux et des attrape-touristes. Toutefois, nous avons réussi à trouver quelques vestiges du village d’origine en sortant à la station Xiaonanmen (ligne 9) en remontant d’abord plein Nord puis à l’Est. Les enfants ont particulièrement apprécié le marché aux criquets et aux oiseaux, dédales de quelques rues couvertes. L’un des vendeurs nous a expliqué que les acheteurs viennent faire l’acquisition d’un insecte, plus ou moins gros, pour la qualité de son chant. Le chant de ces criquets résonne dans tout le marché où se trouvent également quelques vendeurs d’oiseaux, de chats, de chiots et de quelques poissons élégants.

Il faut ensuite marcher de concert avec les (nombreux) groupes de touristes chinois et étrangers qui suivent inlassablement un guide brandissant un drapeau pour arriver vers l’incontournable centre du quartier reconstitué pour les très nombreux touristes. Beau mais bondé et pas du tout authentique. Nous avons préféré nous perdre dans les derniers hutongs du quartier.

Nous avons fait l’impasse sur le jardin Yuyuan devant la foule et le prix de l’entrée un peu cher pour un jardin, fut-il très beau.

Remonter Nanjing Road et déboucher sur Le Bund

Nanjing Road est à Shanghai ce que les Champs-Elysées sont à Paris. C’est probablement la rue la plus chère de toute la Chine. Nous y avons déambulé quelques centaines de mètres, fascinés par les néons, le monde et le gigantisme des vitrines. A voir, brièvement ou pas, en fonction de votre budget et du temps à votre disposition. Mon conseil si vous avez du temps et la forme : descendre à la station People’s Square en fin de journée, profiter du parc puis remonter Nanjing Road jusqu’au Bund juste avant 19 heures.

Arrivés sur les berges, nous avons simplement profité du spectacle qu’offre le quartier d’affaire ultramoderne de la ville nouvelle Pudong d’un côté et les façades fin XIXème, début XXème de toutes les banques asiatiques et les hôtels de luxe. A 19h00 précises, et devant une foule venue spécialement pour l’occasion, les immeubles s’illuminent un à un dans un balai publicitaire et lumineux plus qu’envoutant.

Nous avons emprunté le tunnel touristique qui permet de rejoindre le quartier d’affaire en quelques minutes dans un wagon futuriste. Nous avons traversé la rivière en découvrant des scénettes lumineuses recréant tantôt un voyage dans l’espace, tantôt les fonds marins. Distrayant pour les enfants et pratique pour aller photographier la Perle de l’Orient de plus près (70 CNY par adulte A/R, ½ tarif pour les enfants).

Le mot Bund vient du Singlish et pourrait se traduire par « rive de la rivière boueuse ». Pas très flatteur pour de si jolis quais qui s’étendent sur près de 2km sur les deux rives de la rivière Huangpu. Cette rivière voit passer des centaines de bateaux à chaque heure du jour et de la nuit. Symbole du commerce intense de la région, les barges de transport passent paisiblement entre les deux villes, comme un trait d’union entre les deux rives du  XXème siècle et du XXIème siècle puis laissent la place aux bateaux des touristes, le soir venu. Incontournable, cette balade est magnifique et à l’abri de la circulation  automobile.

Pour résumer

Au final, nous avons beaucoup aimé parcourir les différents quartiers de la ville de Shanghai, si différents les uns des autres. Attention, les distances à Shanghai avec des enfants sont énormes et marcher les épuise vite. Nous avons privilégié les déplacements en métro et étalé nos visites sur trois jours. Sans enfants, une grosse journée ou une journée et demi me semble suffisant pour découvrir les principaux points d’intérêt de cette ville trépidante. Shanghai présente une superbe vitrine de la Chine moderne, propre et agréable pour une mégapole de cette taille.

Nous avons logé à l’auberge de jeunesse « Le Tour Traveler’s », idéalement située à quelques minutes à pied de la station de métro Jing’an Temple. Attention tout de même au budget, Shanghai est une ville chère pour cette région du Monde, mais il est possible de trouver des stands dans la rue ou des restaurants très abordables en dehors des zones touristiques. Les enfants ont adoré cette ville très moderne, mais nous avons du rester très vigilants pour faire face à une circulation intense, silencieuse et parfois peu disciplinée.

One Reply to “Quelques jours à Shanghai avec des enfants”

  1. GinetteGinette

    Merci au guide pour la présentation très détaillée de cette mégapole chinoise . On a vraiment l’impression de visiter Shanghai avec vous tant la description est précise.
    Toujours un plaisir de lire tes articles !

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