De Champasak à Tad Lo

Une nouvelle fois, le réveil est un peu difficile ce matin pour les enfants, il faut se lever tôt pour faire le tour du Monde. Aujourd’hui, nous allons de Champasak à Tad Lo. C’est un petit village en limite du plateau des Bolovens, au Nord-Est de la ville de Paksé. Les femmes y fument du tabac, roulé à même les feuilles de tabac et on y croise des enfants par grappes, des vaches maigres, des chèvres et des cochons en liberté. Il y aurait même des pachydermes, mais j’y reviendrai, nous n’y sommes pas encore.

La journée commence tôt au Laos, avec le lever du soleil, et nous avons commandé le petit déjeuner pour 6h15. Notre bus doit passer vers 7h00, le respect des horaires dans ce pays étant ce qu’il est, nous serons prêts pour 6h45.

6h42, le bus s’arrête devant la Guesthouse. Plusieurs laotiens sont assis dedans et se rendent au marché de Paksé. Nous enjambons tant bien que mal, sacs de semences, glacières et cagettes de légumes. Nos sacs partent sur le toit, le chauffeur redémarre, il s’est à peine arrêté et nous n’avons pas eu le temps de dire au-revoir aux canadiens rencontrés la veille et qui traversent l’Indochine à vélo, de Bangkok à Saigon.

Racontelemonde de Champask à Tad Lo

Nous voilà calés sur des banquettes en métal, à l’arrière de ce qui est plus proche d’un camion que d’un bus, seuls étrangers dans ce véhicule qui se remplit jusqu’à compter 27 passagers pour 18 places assises, sans compter le chauffeur, la dame qui vend les tickets et le préposé aux bagages.

Le chauffeur klaxonne avant chaque arrêt pour signaler son arrivée aux retardataires et va jusqu’à reculer presque 100 mètres pour aller chercher une vendeuse et ses deux paniers. Assez rapidement nous quittons Champasak et empruntons une route récente, bien goudronnée, comme une belle départementale, mais à péage!  Pratiquement seuls sur la route au départ, les véhicules se multiplient à l’approche de Paksé et nous franchissons le pont sur le Mékong en même temps que des centaines de scooters. Il est presque 8h00 quand notre bus se gare au milieu du marché de Paksé.

Comme les côtés et l’arrière du bus sont ouverts, des vendeurs et des acheteurs s’agrippent à notre véhicule alors que nous ne sommes pas encore arrêtés pour proposer des marchandises ou connaître le contenu des caisses des voyageurs. Certains montent sur le toit pour attaquer le déchargement et j’ai du refuser au moins 25 propositions de tuk tuk dans les 100 derniers mètres.

Tuk tuk ou camionnette?

Renseignements pris, nous ne sommes pas à la gare routière (merci, j’avais vu) et le chauffeur n’ira pas plus loin. Un jeune homme nous aide à décharger nos sacs. Il doit avoir 15 ans et comprend quelques mots d’anglais. Il répète plusieurs fois notre destination (c’est rassurant) et nous invite à le suivre. Il charge nos sacs sur le toit de son tuk tuk avec des poulets et des grands cabas. Il embarque trois passagers supplémentaires et nous fait traverser la ville pour 20 000 kips (2€) et nous dépose à la gare routière, devant un bus. Nos bagages disparaissent dans les soutes sans nous laisser le temps de vérifier, mais tout va bien, il s’agit du bus pour Salavanh qui nous laissera sur la route n20 à 2km de Tad Lo.

La gare routière de Paksé (South bus station) est une vraie cour des miracles. Il n’y a pas de bureau ou de comptoir pour acheter les tickets, ni le moindre point d’information. Une douzaine de boutiques proposent le principal pour l’agrément des voyageurs tandis qu’une vingtaine de vendeuses ambulantes tentent de convaincre les passagers de leur acheter leurs marchandises variées. Certaines proposent simplement boissons ou beignets, alors que d’autres vendent des grillons, des larves ou des lézards… Elles montent dans les bus, se plantent devant les passagers pour les convaincre d’acheter une botte de légumes qu’ils revendront  à destination. Beaucoup se laissent convaincre, reste à savoir si l’affaire est bonne?

Tout à coup, une femme monte dans notre bus avec une feuille, un stylo et une liasse de billet. Pas un mot d’anglais mais elle comprend notre destination et m’écrit 120 000 kips au dos des billets. 12 € pour un trajet de 90 km pour 4. Elle inscrit également 9:00 AM, et j’en déduis que nous partirons vers 9h.

Avec 20 bonnes minutes de retard sur l’horaire annoncé, le bus s’ébranle doucement pour s’arrêter moins de 15 mètres plus loin au milieu de la gare: deux tuk tuk sortant de nulle part viennent finir de remplir le bus.

Nouveau départ qui nous permet de rejoindre la route nationale et de faire les 800 mètres nous séparant du premier garage doté d’une clé à choc 1 pouce : il faut changer une roue, et ce sera fait, en moins de 10 minutes au bord de la route avec les passagers à l’intérieur du bus. Le jeune homme qui s’est emparé de nos bagages ne chaume pas, il se faufile sous le bus et positionne les deux crics nécessaires à l’opération. Comme si c’était son propre garage, il s’empare des outils plus rapidement que le garagiste nonchalant chez qui nous nous sommes arrêtés. En un tour de main l’affaire est faite et nous voilà enfin partis avec une nouvelle roue.

La route, annoncée goudronnée, est en réfection sur de nombreux kilomètres et n’est  pas de première fraicheur, elle se marie bien avec l’état de notre bus.

Nous franchissons d’innombrables rivières sur des ponts de plus en plus étroits et pas forcément rassurants. La route s’élève progressivement vers le plateau des Bolovens. Comme nous roulons porte ouverte, tel un pied de nez à la sécurité routière de notre pays, le jeune préposé aux bagages (et au changement de roue) passe son temps à monter et descendre en marche pour aider les voyageurs.

Vers 11h30, notre arrêt est annoncé. La pluie s’est arrêtée, ce qui nous permettra de mettre notre plan à exécution: rejoindre le village de Tad Lo à pied et prendre le temps de choisir notre Guesthouse, sans dépendre du chauffeur de tuk tuk et de sa commission. Nous refusons donc l’unique sollicitation pour nous transporter et nous attaquons de marcher le long de la route, un peu moins de deux kilomètres, avec nos sacs sur le dos.

 

Les enfants et Sophy sont courageux et nous visitons notre première Guesthouse avant midi. La troisième sera la bonne. Nous nous installons tranquillement dans notre nouvelle maison pour deux jours. Notre logeur accepte même de nous emmener le lendemain jusqu’au village animiste que nous souhaitons visiter. Tout va bien, le voyage de Champasak à Tad Lo s’est bien passé.

Après avoir pris possession de nos chambres (les deux pour 80 000 kips la nuit – 8€), nous partons nous promener dans le village voir les cascades, les éléphants et les spots pour se baigner. Nous trouverons pratiquement tout au même endroit. C’est vraiment un village agréable et nous regrettons déjà de ne pas rester plus longtemps.

Côté pratique pour 4 personnes

Trajet Champasak Paksé: 80 000 kips (8€) pour environ 1 heure et 35 km

Tuk tuk du marché à la gare routière : 20 000 kips

Trajet Paksé Tad Lo 120 000 kips (12€) pour 2h30 et 90 km

Deux chambres (eau chaude et ventilateurs) 80 000 kips la nuit

 

7 Replies to “De Champasak à Tad Lo”

  1. GinetteGinette

    Quel talent de conteur, Franck ! Un plaisir de suivre avec toi ce voyage plein de surprises. Bon -court – séjour à Tad Lo ! On attend déjà le récit de votre visite au petit village voisin !

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  2. Marin Celine

    J’ai adoré le passage sur la partie technique produit ????merci pour ce récit c’est toujours un réel plaisir

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    • FranckFranck Auteur de l'article

      Et encore, je me suis tempéré 🙂
      Je suis content de savoir que notre voyage et nos récits te plaisent
      ++

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  3. Thierry J

    Super merci de nous faire partager ce superbe voyage.vivement le prochain récit.bises à tous les 4.

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  4. MartinMartin

    Ton article était tellement long que je n’ai pas pu le lire jusqu’à la fin.Mais j’ai lu le début est je l’ai trouver très bien.

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