L’Arbre et la Pirogue

Alors que certains achètent chaque année le dernier modèle de téléphone, d’autres collectionnent les robots ménagers et d’autres encore préfèreront les bijoux, la moto ou les jeux vidéos. Nous, nous aimons les voyages.

 

Ce tour du Monde en famille n’est pas notre coup d’essai. Depuis la naissance des enfants, nous avons déjà sillonné la France, de la Bretagne au Jura, du Territoire de Belfort au Pays Basque et de Roubaix à Leucate. C’est l’avantage d’habiter en Auvergne, tout est plus proche quand on part du centre de la France. Nous nous sommes essayés au Road trip également en partant 25 jours en Scandinavie. Un voyage intérieur avant tout, tous ceux qui ont déjà fait plus de 80 km en voiture avec des enfants comprendront. 6000 km tous ensemble et en voiture donc 🙂 pour aller nager dans la Baltique, manger des sandwichs au hareng et découvrir les jardins de Tivoli.

Nous aimons les voyages

A chaque voyage des découvertes et des rencontres. Des modes de vie différents, des plats différents, des rythmes différents. Et surtout notre rythme. Toute l’année à se presser. Se presser de prendre le petit déjeuner, se presser d’aller à l’école pour être à l’heure au travail, se presser de rentrer pour faire les devoirs, se presser de prendre la douche pour aller diner… alors que les enfants grandissent à côté de nous et nous ne les voyons pas, puisque nous sommes pressés. De ce séjour en famille en 2016, nous avons ramené une certitude: il nous faudra repartir tous ensemble pour que les enfants découvrent le Monde et que nous puissions prendre de nouveau du temps tous ensemble.

Pourtant, ne nous trompons pas, nous adorons notre région. Nous sommes auvergnats, depuis de nombreuses générations de mon côté, et rien ne nous fera oublier un coucher de soleil sur la chaine des Puys. Pour exemples, je ne compte plus le nombre de randonnées à pied ou en VTT que nous avons faites dans le Parc des Volcans et il est parfois difficile d’expliquer aux enfants qu’il existe d’autres fromages en dehors du Cantal, du Saint-Nectaire et du Bleu d’Auvergne!

Auvergnate d’adoption et cambodgienne de naissance, Sophy a aussi besoin de pouvoir retrouver ses racines pour les transmettre aux enfants. Il nous faudra expliquer l’Histoire du Cambodge, depuis l’empire Khmer rayonnant jusqu’à la colonisation française et le génocide de la fin des années 70 qui a déraciné leur maman et tant d’autres cambodgiens.

Il existe un ancien mythe mélanésien qui traduit très justement notre situation, le mythe de l’Arbre et la Pirogue: « Tout homme est tiraillé entre deux besoins. Le besoin de la Pirogue, c’est à dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoins de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité. Les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. »

Ce volcan notre arbre

Ce volcan, notre arbre

Le Puy-de-Dôme

Longtemps étudiant à Paris, je me souviens fort bien quel sentiment de bien-être j’éprouvais à chaque retour, quand, passé Vichy, se détachait enfin la silhouette des volcans à l’horizon. Alors, ce matin à l’heure de déposer les enfants à l’école, un magnifique lever de soleil dans les tons orangés a éclairé le Puy-de-Dôme et comme à chaque fois, m’a procuré ce sentiment réconfortant de la sécurité du foyer.

Géographiquement plus proche de nous mais d’un auteur controversé (je laisse chacun se faire une idée de la paternité exacte des propos), je reprends à mon compte la phrase célèbre: « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va, car il ne sait pas où il est. » Pour mieux préparer les enfants au Monde, il nous semble important de faire ce voyage. Nous partons donc enrichir notre connaissance familiale de nos origines pour mieux revenir, riches de nos rencontres et de nos découvertes. Et quelle joie ce sera de retrouver notre volcan, immuable gardien de notre paysage quotidien.

Alors bien sûr, nous ne partirons pas en pirogue, mais plus prosaïquement en avion. La pirogue et d’autres moyens de transport locaux viendront plus tard. Mais qu’importe l’équipage, seul compte le voyage!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *